19 juin – Cicatrices

 

 

— Il faut que je t’avoue quelque chose.

Amma se tordait les doigts avec nervosité.

— Ça concerne la nuit de la Seizième Lune, l’anniversaire de Lena.

J’ai mis un moment à me rendre compte qu’elle s’adressait à moi. Mes yeux étaient toujours vrillés sur le centre du cercle, où ma mère s’était tenue quelques minutes auparavant. Cette fois, elle ne m’avait pas envoyé de messages à travers des livres ou les vers d’une chanson. Je l’avais vue.

— Informe le garçon.

— Chut, Twyla ! a protesté Arelia en posant la main sur le bras de sa sœur.

— Mensonges ! a insisté cette dernière. Les mensonges permettent aux ténèbres de grandir. Dis-le au garçon. Dis-le-lui maintenant.

— De quoi parlez-vous ?

J’ai observé tour à tour Arelia et Twyla. Amma leur a lancé un coup d’œil qui a amené la seconde à secouer sa tête pleine de tresses.

— Écoute-moi bien, Ethan Wate, a poursuivi ma gouvernante d’une voix mal assurée. Tu n’es pas tombé du toit de la crypte. Du moins, pas comme nous te l’avons raconté.

— Quoi ?

Elle délirait. Et pourquoi évoquer l’anniversaire de Lena juste après ma rencontre avec le fantôme de ma défunte mère ?

— Tu n’es pas tombé, a-t-elle répété.

— Bien sûr que si, je suis tombé ! J’ai repris conscience par terre, allongé sur le dos.

— Non, ce n’est pas comme ça que tu t’es retrouvé couché sur le sol, a insisté Amma avant d’hésiter, puis d’enchaîner : C’était la maman de Lena. Sarafine t’a poignardé. (Elle m’a regardé droit dans les yeux.) Elle t’a tué. Tu es mort, et nous t’avons ressuscité.

« Elle t’a tué. »

Je me suis répété la phrase, et les pièces du puzzle se sont assemblées si vite que j’ai eu du mal à leur donner un sens. En revanche, elles ont donné un sens à… mon rêve. Ce n’en avait pas été un. Il avait été le souvenir de mon incapacité à respirer, à éprouver, à penser, à voir… La terre et les flammes qui avaient porté mon corps cependant que la vie s’en échappait…

— Ethan ? Est-ce que ça va ?

Si j’ai entendu Amma, elle m’a semblé très loin, aussi loin que cette nuit où je gisais à terre. J’aurais pu être sous terre, à présent, comme ma mère et Macon.

J’aurais dû.

— Ethan ?

Link me secouait. Mon corps était en proie à des sensations que je ne contrôlais pas et dont je ne voulais pas me souvenir. Le sang dans ma bouche, celui qui rugissait à mes tympans…

— Il perd connaissance.

Liv soutenait ma tête.

Il y avait la souffrance, le bruit et autre chose. Des voix. Des formes. Des gens.

J’étais mort.

J’ai glissé ma main sous mon tee-shirt, je l’ai fait courir sur la cicatrice qui entaillait mon ventre. Là où Sarafine avait plongé un couteau. J’avais eu tendance à oublier cette marque ; désormais, elle serait un rappel constant de la nuit où j’étais mort. M’est revenue à l’esprit la réaction de Lena lorsque je la lui avais montrée.

— Tu es toujours le même, Lena t’aime encore. C’est grâce à son seul amour que tu es ici maintenant.

La voix d’Arelia était tendre et pleine de sagesse. J’ai soulevé les paupières, et les silhouettes floues se sont transformées en personnes tandis que je redevenais moi-même. Mes idées étaient embrouillées. Rien n’avait plus de sens.

— Comment ça, c’est son amour qui explique ma présence ?

— C’est Lena qui t’a ramené parmi nous, a murmuré Amma, si bas que j’ai été contraint de tendre l’oreille. Nous l’avons aidée, moi et ta maman.

Les mots m’échappant, j’ai essayé de les dérouler de nouveau. Lena et Amma m’avaient ressuscité. Ensemble. Et, ensemble, elles me l’avaient caché jusqu’à cette nuit. J’ai frotté ma cicatrice. Elle avait l’air si vraie.

— Depuis quand Lena sait-elle ranimer les morts ? Et si elle le peut, pourquoi n’a-t-elle pas sauvé Macon ?

Amma m’a regardé. Je ne l’avais encore jamais vue aussi effrayée.

— Elle ne l’a pas fait toute seule. Elle a utilisé le Sortilège du Sceau. Celui du Livre des lunes. Celui qui lie la vie à la mort.

Lena s’était servie du Livre des lunes.

L’ouvrage qui avait frappé de malédiction Genevieve et toutes les générations à venir de la famille Duchannes, obligeant chacun des enfants à choisir entre Lumière et Ténèbres à leur seizième anniversaire. L’ouvrage auquel avait recouru Genevieve afin de ressusciter Ethan Carter Wate, rien qu’une seconde, un acte qu’elle avait payé durant le reste de son existence.

J’étais incapable de réfléchir, et mon cerveau a recommencé à se recroqueviller, m’empêchant de suivre mes propres pensées. Genevieve. Lena. Le prix.

— Comment as-tu osé ?

Je leur ai échappé, je me suis éloigné du Cercle de Voyance. J’en avais assez vu.

— Je n’ai pas eu le choix, s’est défendue Amma, honteuse. Elle refusait de te laisser partir. Moi aussi, d’ailleurs.

Je me suis relevé avec difficulté, j’ai secoué la tête.

— Mensonge ! Elle n’aurait jamais fait ça.

Je savais que si, pourtant. Lena comme Amma. C’était exactement ce que l’une et l’autre auraient fait. J’en étais sûr, parce que moi également, à leur place, je l’aurais fait.

Ça n’avait plus d’importance, dorénavant.

C’était la première fois de toute ma vie que j’étais autant en colère contre Amma. Et aussi déçu par elle.

— Tu savais pertinemment que le Livre ne donnerait rien sans exiger quelque chose en retour. C’est toi qui me l’as appris.

— Oui.

— Lena va devoir payer pour ça, à cause de moi. Toi également.

J’avais l’impression que mon crâne allait se fendre en deux ou exploser. Une larme rebelle s’est coincée sur la joue d’Amma qui, plaquant deux doigts sur son front, a fermé les yeux. Sa propre version du signe de croix. Une prière silencieuse.

— Elle le paie déjà.

J’ai cessé de respirer.

Les prunelles de Lena. Le coup de force à la foire. La fuite en compagnie de John Breed. Les mots ont trouvé leur chemin tout seuls, alors même que je tentais de les ravaler.

— Elle devient Ténèbres par ma faute.

— Si elle devient Ténèbres, le Livre n’y est pour rien. Il a passé un marché différent avec elle.

Amma s’est interrompue comme si elle ne supportait pas de poursuivre.

— Lequel ?

— Il lui a donné une vie en échange d’une autre. Elle comme moi étions conscientes des conséquences. (Elle s’est raclé la gorge.) Nous ignorions seulement qu’il s’agirait de Melchizedek.

Macon.

Impossible !

« Une vie en échange d’une autre. Un marché différent. »

La mienne contre celle de Macon.

Tout était clair, maintenant. L’attitude de Lena ces derniers mois, la distance qu’elle avait mise entre nous, l’isolement dans lequel elle s’était enfermée, les reproches qu’elle s’était adressés pour la mort de Macon.

C’était vrai. Elle l’avait tué.

Pour me sauver.

J’ai repensé à son calepin et à la page envoûtée que j’y avais découverte. Qu’avaient raconté les mots ? Amma ? Sarafine ? Macon ? Le Livre ? La véritable histoire de cette nuit-là. Je me suis rappelé les poèmes qu’elle avait écrits sur ses murs. « Personne le défunt, / Personne le vivant. » Deux faces d’une même pièce de monnaie. Macon et moi.

« Rien de ce qui est vert ne perdure. » Des mois plus tôt, j’avais cru qu’elle avait commis une erreur en citant ce vers de Frost. Sauf que, bien sûr, ce n’était pas le cas. Elle parlait d’elle-même.

J’ai repensé à la souffrance qu’elle paraissait éprouver quand elle me regardait. Pas étonnant qu’elle se soit sentie coupable. Pas étonnant qu’elle se soit sauvée. Supporterait-elle un jour de me regarder de nouveau ? Lena avait fait tout ça pour moi. Ce n’était pas sa faute.

C’était la mienne.

 

Personne n’a moufté. Il était impossible de revenir en arrière, désormais. Pour aucun de nous. L’acte qu’avaient commis Lena et Amma cette nuit-là était irréversible. Je n’aurais pas dû être ici, et pourtant je m’y trouvais.

— C’est l’Ordre, on n’arrête pas l’Ordre.

Twyla a fermé les yeux, comme si elle captait un son que je n’entendais pas. Tirant un mouchoir de sa poche, Amma s’est essuyé le visage.

— Je suis désolée de ne pas te l’avoir dit, mais je ne le suis pas de l’avoir fait. C’était la seule solution.

— Tu ne comprends pas ! Lena croit qu’elle est en train de virer Ténèbres. Elle a fugué avec une espèce d’Enchanteur des Ténèbres ou d’Incube. À cause de moi, elle court un danger.

— Balivernes ! Cette gamine a fait son devoir parce qu’elle t’aime.

Arelia ramassait les offrandes jetées au sol – ossements, moineau, pierres de lune.

— Rien ne peut contraindre Lena aux Ténèbres, Ethan. Elle doit choisir de s’y vouer.

— Elle est pourtant convaincue d’être Ténèbres parce qu’elle a tué Macon. Elle pense que son sort a déjà été scellé.

— Ce qui n’est pas le cas, est intervenue Liv.

Elle s’était éloignée afin de ne pas s’immiscer dans notre intimité. Link était affalé sur un vieux banc de pierre, quelques pas derrière elle.

— Alors, il faut que nous la trouvions pour le lui dire, a-t-il conclu.

Il ne se comportait pas comme s’il venait de découvrir que j’étais mort et que j’avais ressuscité. Il se comportait comme si rien n’avait changé. Je suis allé m’asseoir à côté de lui.

— Tu vas bien ? m’a demandé Liv.

Liv. Je n’osais pas la regarder. J’avais été blessé, jaloux, et je l’avais entraînée au milieu du bazar de mon existence. Tout ça parce que j’avais cru que Lena ne m’aimait plus. Mais j’étais idiot, je m’étais trompé. Lena m’aimait tant qu’elle avait été prête à tout risquer pour me sauver. Je l’avais lâchée alors qu’elle ne m’avait pas abandonné. Je lui devais la vie. C’était aussi simple que ça.

Mes doigts se sont attardés sur un bas-relief gravé dans le rebord du banc. Des mots.

 

IN THE COOL, COOL, COOL

OF THE EVENING

 

La chanson de Johnny Mercer qui avait résonné dans Ravenwood le soir de ma première rencontre avec Macon. La coïncidence était de trop, surtout dans un monde où le hasard n’existe pas. C’était forcément un signe.

De quoi ? Qu’avais-je infligé à Macon ? Je n’arrivais même pas à imaginer ce qu’avait dû ressentir Lena en se rendant compte qu’elle l’avait perdu à ma place. Et si ma mère avait disparu dans ces conditions-là ? Aurais-je été capable de regarder Lena sans voir derrière elle ma défunte mère ?

— Donnez-moi une minute, ai-je lancé.

Me levant, j’ai décampé sur le sentier qui traversait les chênes, par le chemin que nous avions emprunté à l’aller. J’ai inhalé l’air nocturne, emplissant mes poumons à fond, simplement parce que je pouvais encore respirer. Lorsque je me suis enfin arrêté de courir, j’ai contemplé les étoiles et le ciel.

Lena était-elle en train d’observer le même firmament ou un autre qu’il ne me serait jamais donné de distinguer ? Nos lunes étaient-elles différentes à ce point ?

J’ai cherché l’Orbe Lumineux dans ma poche, afin qu’il m’indique comment la retrouver. Il s’en est abstenu. À la place, il m’a dévoilé quelque chose d’entièrement autre…

 

Macon n’avait jamais ressemblé à son père, Silas, ce dont tous deux étaient conscients. Il avait toujours été comme sa mère, plutôt. Arelia. Une puissante Enchanteresse de la Lumière dont son père s’était farouchement épris alors qu’il était étudiant à La Nouvelle-Orléans. Un peu comme lui et Jane s’étaient rencontrés à Duke et étaient tombés amoureux l’un de l’autre. À l’instar de Macon, son père avait aimé sa mère avant la Transformation. Avant que son grand-père persuade Silas qu’une relation avec une Enchanteresse de la Lumière était une abomination à l’encontre de leur espèce.

Il avait fallu des années au grand-père de Macon pour séparer les parents de ce dernier. Entre-temps, lui, Hunting et Leah étaient nés. Sa mère avait été obligée de recourir à ses pouvoirs d’Augure pour échapper à la rage de Silas et à son besoin incontrôlable de se nourrir. Elle avait fini par se réfugier à La Nouvelle-Orléans avec Leah. Silas ne l’aurait jamais autorisée à emmener ses fils.

Arelia était la seule vers qui Macon pouvait se tourner, désormais. La seule susceptible de comprendre qu’il était tombé amoureux d’une Mortelle. Le plus grand sacrilège pour ceux de son espèce, les Incubes Sanguinaires.

Les Soldats du démon.

Macon n’avait pas averti sa mère de son arrivée, mais elle l’attendrait. Émergeant des Tunnels, il plongea dans la douce chaleur d’une nuit estivale à La Nouvelle-Orléans. Les lucioles clignotaient dans l’obscurité, et le parfum des magnolias vous montait à la tête. Elle le guettait sur la véranda, occupée à tisser de la dentelle dans un vieux rocking-chair. Cela faisait si longtemps.

— J’ai besoin de ton aide, maman.

Posant son aiguille et son cercle, elle se leva.

— Je sais. Tout est prêt, cher*.

Il n’existait qu’une chose suffisamment puissante pour arrêter un Incube, à l’exception de l’un de ses semblables.

Un Orbe Lumineux.

On datait ces objets du Moyen Âge, armes créées pour contrôler et emprisonner les plus forts des Nuisibles, les Incubes. Macon n’en avait encore jamais vu. Il en restait fort peu, et ils étaient presque impossibles à trouver.

Mais sa mère en possédait un, qui lui était indispensable.

Macon la suivit dans la cuisine. Elle ouvrit un petit placard qui servait d’autel aux esprits. Elle déballa un écrin en bois dont le pourtour comportait une inscription en Niadic, la langue ancestrale des Enchanteurs.

 

QUI LE CHERCHE TROUVERA

LA DEMEURE DE L’IMPIE

LA CLÉ DE LA VÉRITÉ

 

— Ton père m’a donné ceci avant sa Transformation. La famille Ravenwood se l’est transmis de génération en génération. Ton grand-père soutient qu’il appartenait à Abraham en personne, et je le crois. Il est souillé par sa haine et son sectarisme.

Soulevant le couvercle, elle mit au jour la sphère couleur ébène. Macon en ressentit l’énergie sans même qu’il lui soit nécessaire de le toucher – la macabre éventualité d’une éternité entre ces parois luisantes.

— Il faut que tu comprennes bien, Macon. Une fois qu’un Incube est enfermé dans l’Orbe Lumineux, il ne peut plus en sortir de par sa seule volonté. Il ne peut qu’être relâché. Si tu offres celui-ci à une personne, assure-toi que tu es en mesure d’avoir une confiance pleine et entière en elle. Sinon, tu remettras entre ses mains plus que ta vie. C’est mille vies que tu lui confieras. Car c’est ce à quoi ressemblerait une éternité, là-dedans.

Elle souleva la boîte plus haut, afin qu’il la vît, comme si, rien qu’en la regardant, il était en mesure d’en imaginer le confinement.

— Je comprends, mère. Jane est digne de confiance. Elle est la personne la plus honnête et la plus droite qu’il m’ait été donné de rencontrer. Et elle m’aime, en dépit de ce que je suis.

Arelia effleura la joue de son fils.

— Ce que tu es n’est en rien mauvais, cher*. Sinon, ce serait ma faute. C’est moi qui t’ai condamné à cette destinée.

Se penchant, Macon l’embrassa sur le front.

— Je t’aime, maman. Rien de tout cela n’est ta faute. C’est la sienne.

Celle de son père.

Silas était, pour peu que ce fût possible, une menace encore plus grande pour Jane qu’il ne l’était lui-même. Il était esclave du dogme prôné par le premier Incube Sanguinaire chez les Ravenwood, Abraham.

— Ne lui en veux pas, Macon. Tu ne sais pas comment était ton grand-père. Sa façon de harceler Silas pour le persuader de sa supériorité naturelle dévoyée. Le convaincre que les Mortels étaient en dessous des Enchanteurs comme des Incubes, simple source de sang destinée à satisfaire leur désir. Ton père a été endoctriné, comme son père avant lui.

Macon s’en moquait. Il avait cessé d’avoir pitié de son père il y avait fort longtemps, avait cessé de se demander ce que Silas avait pu avoir qui avait séduit sa mère.

— Dis-moi comment l’utiliser. Puis-je le toucher ?

Il avait avancé la main, l’avait retenue.

— Oui. La personne qui te touchera avec devra nourrir des intentions bien précises et, même alors, il sera impuissant sans le Carmen Defixionis.

Dans la porte de la cave, Arelia prit une petite bourse, un sac à gri-gri, la meilleure protection que le vaudou offrait, puis descendit l’escalier sombre. Lorsqu’elle remonta, elle portait un objet enveloppé dans une toile poussiéreuse. Elle le posa sur la table, le déballa.

Le Responsum.

Littéralement, la Réponse.

Rédigée en Niadic, elle contenait toutes les lois régissant ceux de son espèce. C’était le livre le plus ancestral. Il n’en existait que quelques exemplaires à travers le monde. Sa mère en tourna soigneusement les pages cassantes, jusqu’à ce qu’elle atteigne la bonne.

— Carcer.

La Prison. Le dessin de l’Orbe Lumineux reproduisait à la perfection l’objet qui reposait dans son écrin de velours sur la table de la cuisine, près d’un ragoût d’écrevisses aux légumes intact.

— Comment cela fonctionne-t-il ?

— C’est assez simple. La personne doit juste effleurer l’Orbe et l’Incube qu’elle souhaite emprisonner tout en prononçant le Carmen. L’Orbe s’occupe du reste.

— Le Carmen est-il dans le livre ?

— Non, il est beaucoup trop puissant pour qu’on le confie à des mots écrits. Il te faut l’apprendre de quelqu’un qui le connaît et le retenir par cœur.

Arelia baissa la voix comme si elle craignait qu’on ne l’espionne avant de murmurer les mots susceptibles de condamner son fils à une éternité de malheur.

— Comprehende, Liga, Cruci Fige.

Capture, Encage, Crucifie.

Puis elle referma la boîte et la tendit à Macon.

— Sois prudent. L’Orbe Lumineux est doté de pouvoir, et le pouvoir recèle la Nuit.

— Je te le promets, répondit Macon en lui baisant le front.

Il se tourna, prêt à partir, mais sa mère le rappela.

— Tu auras aussi besoin de cela.

Elle rédigea quelques lignes sur un parchemin.

— Qu’est-ce ?

— La seule clé ouvrant cette porte, répondit-elle en désignant l’écrin coincé sous le bras de Macon. Le seul chemin permettant de ressortir de là.

 

J’ai ouvert les yeux. J’étais allongé par terre sur le dos, les étoiles au-dessus de ma tête. L’Orbe Lumineux avait appartenu à Macon, Marian me l’avait dit. J’ignorais où était l’oncle de Lena, dans l’Autre Monde ou une espèce de paradis pour Enchanteurs. Je ne savais pas pourquoi il me montrait tout cela, mais, si j’avais appris quelque chose cette nuit, c’est que rien n’arrivait sans une bonne raison.

Il me fallait déterminer laquelle avant qu’il soit trop tard.

 

Nous étions toujours dans le cimetière de Bonaventure, bien que nous nous soyons rapprochés du portail. Je n’ai pas pris la peine d’annoncer à Amma que je ne rentrais pas avec elle, elle semblait l’avoir deviné.

— Nous ferions mieux de partir.

J’ai enlacé Amma. Elle m’a serré les mains, fort.

— Un pas à la fois, Ethan Wate. Ta maman a beau affirmer que tu dois te presser, je te préviens que je surveillerai chacune de tes étapes.

J’avais conscience de la difficulté qu’elle avait à me laisser m’en aller au lieu de me punir et de m’envoyer droit dans ma chambre jusqu’à la fin de mes jours.

Les choses allaient vraiment mal ; cela en était la preuve.

Arelia a avancé pour déposer quelque chose dans ma paume. Une petite poupée comme celles que fabriquait Amma. Un charme vaudou.

— J’ai foi en ta mère et en toi, Ethan. C’est ma façon de te souhaiter bonne chance. Ça ne va pas être facile.

— Ce qui est bien et ce qui est facile sont rarement la même chose.

J’ai répété les mots que ma mère m’avait serinés des centaines de fois. Mon moyen à moi de l’invoquer. Twyla a effleuré ma joue de son doigt osseux.

— Vérité dans les deux mondes. Perdre pour gagner. Nous ne sommes pas longtemps sur cette terre, cher*.

Un avertissement, à croire qu’elle était au courant d’une chose que j’ignorais. Après ce dont j’avais été témoin, ça ne m’aurait pas étonné du tout. Amma m’a étouffé entre ses bras maigres dans une ultime embrassade.

— Je te donnerai de la chance à ma manière, a-t-elle chuchoté avant de se tourner vers Link : Wesley Jefferson Lincoln, tu as intérêt à revenir entier, sinon, j’irai raconter à ta maman ce que tu fabriquais dans ma cave quand tu avais neuf ans. Compris ?

La menace si familière a arraché un sourire à mon copain.

— Oui, madame.

Amma n’a rien dit à Liv, se bornant à un bref signe de tête à son adresse. Sa façon de montrer où se situait sa loyauté. Maintenant que j’avais appris ce que Lena avait fait pour moi, je n’avais aucun doute sur ce qu’éprouvait Amma envers elle. Ma gouvernante s’est éclairci la gorge.

— Les gardiens sont partis, mais Twyla ne pourra pas les tenir à distance éternellement. Filez !

J’ai poussé la grille en fer forgé et me suis éloigné, Link et Liv sur mes talons.

J’arrive, L. Que tu veuilles ou non de moi.

17 Lunes
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